17 Septembre 2007
Partfaliaz interview Shen Wei
Le photographe chinois Shen Wei, basé à New York City, est un représentant des portraitistes modernes américains. Ces photos ont fait l’objet de beaucoup d’attention ces derniers mois avec de belles expositions, des récompenses et aussi différentes publications. Son travail sur le portrait soulève des questions sur la nature humaine, les émotions, les sentiments, l’instinct et l’identité.
En 2006, JM Colberg (auteur de l’influent blog « Conscientious » spécialiste de la photo d’art) t’a sélectionné comme étant l’un des trois photographes de l’année. Raconte nous un peu ton histoire, quand as-tu commencé la photo, et où ? Quand es-tu arrivé aux USA ?
J’ai été très surpris et honoré d’être nommé « photographe de l’année » par « Conscientious ». Mr. Colberg joue certainement un rôle important dans la découverte de jeunes talents. Il m’a vraiment aidé a exposer mon travail à un plus grand public.
Je suis né et j’ai grandi à Shanghai, en Chine. Je n’ai pas commencé la photo avant d’arriver aux USA en 2000. Avant cela je n’avais même jamais touché un réflex, c’était considéré comme un grand luxe en Chine lorsque j’étais jeune.
Quelle formation as-tu ?
Mes premières études, c’était au Shanghai Light Industry College, où j’ai étudié les arts décoratifs et le design. J’ai principalement travaillé comme graphiste dans la pub après mon premier diplôme et j’ai toujours souhaité créé mon propre travail.
Quand je suis arrivé au Minneapolis College of Art and Design, je suis tout de suite tombé amoureux de la photo, j’ai donc décidé sérieusement de suivre une carrière de photographe et j’ai reçu mon BFA et plus tard un Master of Fine Art degree en photographie à la School of Visual Arts de New York.
Quel est ton opinion au sujet de la photo numérique ? Est-ce que tu t’intéresses aux questions techniques ? Es-tu intéressé par le graphisme en général ?
J’ai des sentiments partagés au sujet de la photo numérique. Cela dépend du degré d’intervention sur l’image. J’utilise Photoshop pour corriger les couleurs de mes images et c’est tout, je ne change rien d’autre sur mes images. Je ne suis pas fan de la retouche numérique, comme ces images presque complètement refaites sur ordinateur. Mais d’un autre côté j’adore l’art numérique.
Ton travail de portrait est très sensible, c’est un travail sur les émotions, l’identité. Quand tu vivais en chine, te rappelles-tu avoir été curieux des gens, et peut-être de psychologie ? Est-ce que tu avais une idée du travail que tu allais faire ?
J’ai toujours été curieux de psychologie, même étant jeune. Je me souviens avoir lu beaucoup de roman chinois ayant une trame psychologique étant ado. “Le rêve de la chambre rouge” était mon favorit, malheureusement je n’en connais pas de bonne traduction. Je suis une personne très émotive, et je suis curieux de tout, spécialement des gens.
Il y a seulement 10 ans je n’aurais même pas imaginé pouvoir être photographe. J’ai toujours pensé que je finirais homme d’affaires.
Je crois que ton travail est absolument « universel ». Je voulais savoir si tu diriges tes modèles où si tu laisses les choses se passer naturellement ?
Et bien… j’aime le mot “universel”. C’est ce que j’essaie de faire à travers mes projets. Je veux créer des images dont chacun peut se rapprocher. J’aime faire des images visuellement claires et simples mais plus complexes en profondeur. Le plus souvent j’évite de diriger mes modèles, je suis juste patient et je communique avec eux, de façon à ce qu’ils s’ouvrent à moi naturellement.
Comment est venu l’idée de « almost naked » ?
Je n’ai pas eu de nom pour ce projet pendant longtemps. Je pensais qu’il n’avait pas de thème spécifique. Plus tard, avec une plus grande quantité de travaux, ce que j’essayais de montrer avec ces portraits m’a paru plus évident. C’est comme cela qu’est arrivé “Almost Naked” (presque nu), qui s’exprime à la fois physiquement et psychologiquement.
As-tu déjà travaillé pour la presse ? Est-ce que tu accepterais une commande à la manière de « almost naked » pour le portrait d’une célébrité dans un magazine ?
Non, je n’ai jamais sérieusement travaillé pour la presse, mais j’ai fait quelques prises de vue pour de petits magazines à l’Université. Mais j’accepterais une commande de portrait si l’occasion se présente.
Qu’est-ce qui t’inspire dans la vie de tous les jours ?
Les gens ordinaires.
Sur quoi travaille-tu actuellement ?
Je travaille toujours sur « Almost Naked », je veux continuer à le photographier jusqu’à ce que je sente que c’est assez. Mais je pense que ce n’est pas loin. A côté de cela je photograpie des paysages de temps en temps, j’aimerais faire une sélection dans un avenir proche qui alternerait portraits et paysages pour montrer une vision plus complète de « Almost Naked ». J’ai aussi fait un reportage intitulé « concubines de New-York » au sujet des artistes d’opéra chinois à New-York. Bien qu’il ait reçu quelques prix et distinctions, je le considère toujours comme un projet expérimental et concentre toute mon énergie sur « Almost Naked ». J’ai toujours des idées face à des sujets intéressants, et je prends des photos dès que j’en ressents l’intérêt, ainsi j’ai beaucoup de travaux qui ne font pas partie d’un projet précis. J’ai toujours le souhait d’avoir un projet au sujet de la Chine.
Quelles tendances vois-tu émerger dans la photographie d’art ?
Et bien… par où commencer ?
Je pense qu’il y a des tendances dans tous les styles de photos. Une tendance qui m’intéresse particulièrement c’est la photo de paysage architecturaux en Chine, as-tu remarqué qu’on les voit partout ? J’adore ce sujet, au moins il y a quelqu’un qui photographie la Chine.
Le site de Shen Wei
Son blog
« A conversation with Shen Wei » par Jörg Colberg (6 Juillet 2006).
Les favoris de Shen Wei
Je suis un grand fan de violon, Itzhak Perlman, Jascha Heifetz, Maxim Vengerov, Nigel Kennedy sont parmi mes violonistes favoris. J’aime tellement le violon que j’ai commencé à prendre des cours. J’aime aussi toute sorte de cinéma, particulièrement les films chinois contemporains et les films indépendants européens, parfois je loue un Bollywood musical ou une comédie américaine.