Le monde selon Geof Kern
Geof Kern est l’un des photographes américains les plus primés. Avec une imagination infatigable il a travaillé pour les plus grands magazines et les agences de pub les plus créatives. Son travail, remarquable, est un mélange de rationalisme et conceptualisme, inspiré par les peintres « post-modernes ». Geof Kern prépare ses shoots sur storyboard, ce qui donne une tonalité cinématographique à ses images et participe à créer un univers surréaliste. Ses photos sont exposées partout à travers le monde.
Interview de septembre 2009 – images mises à jour en mars 2018
Geof Kern, vous avez une renommée internationale, vous vivez à Dallas, pouvez-vous nous dire où tout à commencé pour vous ?
Je commence ma carrière au début des années 80, à cette époque la photo d’art et la photo commerciale étaient encore deux mondes bien distincts. Peut-être parce que je ne savais pas faire grand chose d’autre j’ai commencé à photographier ce que je voulais et les gens ont été très excités avec ça… Puis ça à fini par se savoir… J’ai eu pas mal de commandes pour Texas Monthly Magazine en particulier et c’était diffusé à travers le monde, ce qui m’étonnait beaucoup.
Par exemple, pour 8 pages de mode je voyageais un peu partout au Texas, dans des coins reculés ou au centre de grandes villes, et je photographiais des collections de couture sur des pêcheurs, des esthéticiennes, des SDF. Ce genre de choses ne se faisait pas.
J’ai aussi fait quelques expérimentations photographiques en incorporant des collages papier sur des modèles ou sur les sets, il s’agissait d’une approche globale basée sur la volonté de changer la façon de faire les choses. C’était nouveau ! On m’a qualifié de « surréaliste » parce que l’on ne trouvait pas d’autres mots pour décrire ce que je faisais.
Puis assez vite vinrent des sommandes pour New York magazine, Esquire, GQ, Rolling Stone…
Bloomingdales New York m’a commandé une campagne de mode basée sur le surréalisme en collaboration avec le Fashion Institute of Technology. Puis l’Europe a commencé a appeler, et le Japon. C’était parti.
Avant de choisir la photographie, vous aviez fait des études de cinéma, pourquoi ça ?
J’étais adolescent dans les années 60 et j’avais décidé de devenir réalisateur en voyant des films comme Orphée de Jean Cocteau, Closely Watched Trains, Sympathy for The Devil, 42nd Street (qui m’avait littéralement bouleversé). Alors que je commençais mes études cinématographiques à Pasadena en Californie, j’ai dû faire mon service militaire (au Vietnam). Après la guerre, je me suis inscrit dans ce qui s’est avéré être une école de cinéma horrible, la Brooks Institute de Santa Barbara. Mais il y avait une excellente formation technique en photo et comme j’avais besoin de gagner ma vie… J’ai changé de direction. C’était une décision rationnelle à l’époque.
Est-ce que le cinéma influence votre style ou vos compositions ?
Un moment dramatique, une série qui porte une histoire, une histoire racontée dans une seule image, une scène de plateau : est-ce le cinéma qui m’influence ou simplement une façon de penser visuellement ? Je ne sais pas. J’ai aimé Buster Keaton, Jean Cocteau, Jacques Tati. Ce sont des réalisateurs « visuels ». Ou Jean Luc Godard: Godard est toujours moderne, sa direction d’acteur en libre association. Je ne crois pas que cela se traduise dans mon travail littéralement, mais disons que l’on peut remarquer ses choses et les apprécier…
Comment décrivez-vous votre style ?
Je ne sais pas. Narratif stylisé. Métaphorique. Parfois un peu d’humour. Une palette naturelle. Une utilisation « judicieuse » de l’ordinateur.
Est-ce que vous savez combien de récompenses avez-vous obtenu ? De quoi êtes-vous fier ?
Je ne vais pas beaucoup aux compétitions, voire pas du tout. Mais je devrais. J’ai eu beaucoup de récompenses grâce aux gens pour qui j’ai travaillé et qui ont présenté mes travaux. Deux ou trois Lions d’Or à Cannes. Le pris Nikei à Tokyo. Un exemple de mon travail publicitaire est exposé au Musée des Arts Decoratifs à Paris. Je suis fier du « Infinity Award en Photographie appliquée » du Centre International de Photographie de New York. Et un de mes préférés est celui du Rotary Club de Pittsburgh qui m’a envoyé un trophée en bois façonné et laiton, en commémoration d’une photo (pour Esquire) de l’enfant du pays, dramaturge et Prix Pulitzer : August Wilson. C’était très touchant de recevoir un tel trophée provenant de personnes en dehors de ma profession.
Est-ce que l’internet est une source d’influence ou bien un gros nuage sombre et ennuyeux ?
J’utilise internet pour regarder les infos, la météo ou d’autres informations pratiques. Internet est pour moi un univers assez mitigé.
Geof Kern’s personnal site.
Geof Kern is represented in the U.S. by Beth Johnson / F+J Representatives, in Paris by Florence Camprasse / Ask Our Agents, in Dallas Maureen Dalton Wolfe / The Photo Division.
Son travail est un exemple de travail photographique publicitaire dans les collections permanentes du Musee Des Arts Decoratifs
Il a reçu le Infinity Award en catégorie photopar l’International Center of Photography in New York (ICP)
Lürzer’s Intl 200 Best Advertising Photographers Worldwide 2008-09
Figure dans le Communication Arts Photo Annual
Ses clients sont : Matsuda, Selfridges, Bloomingdales, Diesel, Cole Haan, Neiman-Marcus, Mercedes France, Acura NA, Ford Europe, BNP-Paribas France, InterfaceFlor, David Sutherland, Teknion, as well as the magazines Esquire, GQ, Beach Culture, Rolling Stone, Flaunt, and The New York Times…